**WIDOWSPEAK** Widowspeak reste un pourvoyeur d'ambiance. Qu'il s'agisse de parler sans détour des détails banals de la vie moderne, de traiter des peines de cœur et des accroches, ou d'évoquer l'étendue d'un paysage en grand angle, le groupe se préoccupe toujours de l'influence du lieu et du passage du temps sur l'expérience personnelle : la façon dont les souvenirs vifs peuvent ressembler à des films ou à des rêves. Ancré dans le partenariat créatif de la chanteuse et compositrice Molly Hamilton et du guitariste Robert Earl Thomas, Widowspeak fonctionne essentiellement comme un duo : les deux auteurs écrivent des chansons avec des refrains qui font frémir l'oreille et de gros accords de guitare, soutenus par des arrangements chaleureux et expansifs. Mais ils enregistrent (et partent en tournée) en tant que groupe complet. Sur scène, la dynamique oscille entre ballades à la dérive et murs de son chargés de réverbération, le tout avec une approche humble et décontractée, à la Velvet. La voix délicate d'Hamilton et le jeu de guitare habile de Thomas se partagent l'espace, au milieu de percussions poussiéreuses et de lignes de basse et de piano ambiantes. Voir Widowspeak en concert, c'est trouver le groupe à son habitude et à son meilleur : trouver un équilibre magistral et cathartique entre la douceur des yeux et la mélancolie résignée. Le groupe s'est formé en 2010 à New York, à partir d'une scène musicale fertile alors centrée sur les salles DIY et les entrepôts de répétition du nord de Brooklyn. Peu après ses premiers concerts, le groupe a été signé sur le label indépendant local Captured Tracks, et s'est fait une place parmi des groupes de même sensibilité tels que DIIV, Wild Nothing, Beach Fossils, Blouse et Mac DeMarco, et aux côtés des rééditions shoegaze, pop et de raretés pour lesquelles le label est réputé. Depuis, à travers six albums appréciés et des années de tournée, Widowspeak n'a cessé d'affiner son art. Chaque entrée dans leur catalogue a marqué une réimagination subtile du son du groupe, bien que certains points de référence restent les mêmes : la dream pop des années 90 et le psych rock des années 60. La capacité du groupe à construire des mondes est évidente dans tout son catalogue : l'honnêteté jangly et non polie de leur premier album éponyme de 2011, le folk-rock bucolique et grandiose d'Almanac (2013), le luxuriant et relâché All Yours (2015), teinté de country. Avec Expect the Best (2017), ils ont exploré le côté sombre de leur son avec des murs sonores brumeux, tandis que Plum (2020) est revenu vers la lumière avec des accroches à foison et une approche profondément confortable. Avec The Jacket en 2022 (leur plus récent album), le groupe s'inspire d'un concept libre : l'ascension et la chute d'un groupe de rock and roll fictif. Ces chansons dépeignent les bars sombres et les clubs de rock pour lesquels elles ont été imaginées, tout autant que les chambres où elles ont été écrites. Malgré toutes ses textures familières, l'album semble tout à fait nouveau au sein de leur canon : fièrement un disque de guitare, un disque de rock, un disque d'auteur-compositeur. Un disque de Widowspeak : imprégné d'un sentiment de pause collective et de l'aisance d'un groupe au sommet de son art. Présenté par POINT EPHEMERE. -